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Vièle à archet, violon, viole de gambe et rebec
Le violon, comme on le connaît aujourd’hui, a émergé au milieu du 16e siècle, mais déjà autour des années 1520, on utilisait le terme Violetta pour décrire un instrument avec trois cordes, sans frette, cintré, avec des côtés étroits et des ouvertures en f. En 1529, l’artiste italien Gaudenzio Ferrari a peint pour la première fois un violon dans son chef-d’œuvre, le Chœur des anges, qu’on peut voir à l’intérieur de l’église de Saronno. C’est aussi entre 1520 et 1550 que sont nés l’alto et le violoncelle. Même si c’est en Italie, à Brèche (Brescia) et à Crémone (Cremona), que le violon s’est le plus développé et qu’il a connu ses heures de gloire, il n’est pas apparu du jour au lendemain et il demeure tout à fait inutile de vouloir attribuer son invention à une personne ou même à un pays.
Du 11e au 16e siècle, les trouvères et les troubadours jouaient la vièle à archet (viella en Italie, fiddle en Angleterre, fiedel en Allemagne). Son nom dérive de vitula ou vitular qui voulait dire se réjouir. La vièle à archet a sonné dans plusieurs pays occidentaux durant les cinq cents dernières années de l’époque médiévale et elle est considérée comme l’ancêtre direct du violon. D’autres instruments similaires, mais de facture différente, ont précédé le violon : la viola da braccio (jouée à l’épaule) et aussi le rebec (de l’arabe rebab), un petit instrument à trois cordes frottées dont la caisse et le manche sont faits d’un seul morceau. À cause de sa forme, le rebec était aussi appelé marionnetta car il était souvent joué par les jongleurs qui s’en servaient pour accompagner les représentations de marionnettes ainsi que le récit des chansons de gestes.
Parmi les premiers violons à avoir survécu, mentionnons ceux de la famille Amati. Le père Andrea Amati (1505-1580), ses fils Antonio et Girolamo et surtout son petit fils Nicolò Amati (1596-1684) furent de grands maîtres. Gasparo Bertolotti (1540-1609) et son élève Giovanni Maggini (1580-1632) furent célèbres à Brescia, mais la mort de Maggini en 1632 marqua la fin de l’école de Brescia. C’est surtout à Cremona, vers 1640, que Nicolò Amati fonde une vraie institution de fabrication de violons. C’est alors que les détails de fabrication et d’esthétique s’améliorent. La qualité des instruments grandit et le talent d’enseignant de Nicolò fera naître une génération de luthiers de talent: Andrea Guarneri (1623-1698), Francesco Rugeri (1620-1695) et probablement Jacob Stainer (1617-1683), un fabricant autrichien qui construisit ses violons sur le modèle allemand. Les instruments de Stainer ont, à plusieurs points de vue, surpassé les violons de Cremona. Beaucoup de musiciens au 18e siècle s’arrachaient ses instruments et acceptaient même de payer le double du prix des violons italiens. Giuseppe Guarneri del Gesù (1698-1744) fit aussi partie avec plusieurs autres de cette grande école de Cremona, mais c’est un autre élève de Nicolò, Antonio Stradivari (Stradivarius) (1644-1737) qui raffina et finalisa la forme du violon. Il est aujourd’hui reconnu comme étant le plus grand luthier.
Quant aux archets, on en retrouva plusieurs tout au long de l’histoire des instruments à cordes frottées, mais c’est avec François Tourte (1747-1835) que l’archet moderne prend naissance. De plus, il faut savoir que les cordes de l’époque étaient en boyaux et accordées beaucoup plus bas que pour les violons modernes, ce qui donne un son totalement différent. Aux 17e et 18e siècles, plusieurs violons sont arrivés avec les premiers habitants européens venus s’établir en Nouvelle-France et en Nouvelle-Angleterre. Les maîtres à danser utilisaient aussi la pochette, un tout petit violon long qui était inséré dans la poche et qui servait d’instrument pour accompagner l’enseignement des danses. Le violon est sûrement un des plus remarquables instruments de l’histoire de la musique, tant par son apparence, sa simplicité et sa complexité de fabrication, que par ses capacités d’expression musicale.
Avant la naissance du violon, un autre instrument à cordes frottées résonnait dans toutes les cours d’Europe et aussi en Amérique : la viole de gambe (viola da gamba en italien). Jouée entre les jambes, avec un manche possédant des frettes et un fond plat, l’instrument était la plupart du temps accordé comme un luth. L’origine de la viole de gambe remonte au 15e siècle. Il existait en Espagne deux instruments : la vihuela de mano (qui donnera naissance à la guitare espagnole) et la vihuela de arco construite sensiblement de la même façon mais jouée avec un archet. Ce dernier instrument donna naissance à la viola da gamba qui a servi pendant plus de cent ans à faire entendre les plus beaux contrepoints de la Renaissance.
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